mercredi 27 août 2008

Une grande Fille toute simple

Chapitre 1 - Charlie
Charlie a dix-sept ans. Elle travaille aux alentours de la gare du Nord. Elle a quitté l’école à treize ans et demi, il fallait travailler pour nourrir la famille. La jeune fille connaît le viol, bien sûr, de la part de son père, puis de ses deux frères aînés, des repris de justice qui tuent pour un oui ou pour un non. Sa mère est une vieille pute amochée par l’alcool et la came ; elle déteste sa fille parce que celle-ci est belle et fraîche. Bref, pas de bol pour Charlie. Pourtant, elle n’arrête pas de rigoler, elle est insouciante et se fout de tout. Comment survivre sans se marrer ?
Chapitre 2 – Call Girl
Le téléphone sonne. C’est le père de Charlie. - Ma fille, un client pour toi. Un riche, pour une fois. - OK, je pourrai me payer un pack’s de coke ! - Fais ce que tu veux chérie, mais ramène-moi au moins deux cents euros, de quoi bouffer pour nous tous. Il va t’appeler sur ton portable. En effet. « Un coïncé du cul » détecte Charlie, rien qu’au ton trop poli de l’homme. Ils se donnent rendez-vous dans le haut de la ville. Charlie ne sait pas quoi se mettre sur le dos : toutes ses fringues font soit pute soit hippie. Sa mère, appâtée par le fric, lui prête un tailleur gris perle et des escarpins noirs. « Faut que je me rase les jambes » pense Charlie.
Chapitre 3 – Le Rendez-Vous
Charlie entre dans le café du rendez-vous. Elle n’a nul besoin de se présenter, elle reconnaît le propriétaire de la voix au quart de tour. Un homme de petite taille (« Attention, c’est des teignes les nains »), habillé comme un bureaucrate, qui la remarque avec étonnement et admiration, elle qui est grande et belle et lui, petit et moche. - Salut, tu t’appelles comment ? demande Charlie qui ignore exprès le vouvoiement. - Olivier, mademoiselle Charlie, du moins je suppose ? « Olivier, quel prénom à la con » - Je t’appellerai Oli Au Lit, dit-elle. - Euh… Comme vous voulez, belle demoiselle. - On va où ? - Au Cher Raton. - Mais ils prennent pas à l’heure, ces snobs ! - J’ai demandé une nuit entière à votre père… - Ah OK pigé. Ca va te coûter un os, Olioli. Deux mille. - Je les ai. Hum… On y va ? - Pressé, hein, le bon fonctionnaire ? Ils se rendent en BM à l’hôtel.
Chapitre 4 – A l’Hôtel
Charlie éclate de rire dans la voiture. Olivier a des doutes sur sa santé mentale, mais la jeune fille a le sentiment de se retrouver dans un comics pour adultes. - Alors, on va jouer à quoi ? demande-t-elle. - Jouer ?? - Ben oui, aux dominant-dominé, aux S/M, au Scrabble, … - Ben… A vous de choisir, mais je vous paierai selon le plaisir que vous me procurerez ! dit Olivier qui commence à se sentir nerveux. - Cool mec, c’était pour rire, mais tu rigoles pas des mêmes trucs que moi… - Je le crains, en effet, répond Olivier sèchement. Ils arrivent au Cher Raton et prennent possession de leur chambre. Charlie se tait et se déshabille. Olivier l’admire, mais n’ose pas ôter ses vêtements devant pareille beauté. - Bon, tu te mets à poil ou c’est moi qui dois le faire ? - Rhabillez-vous, allez m’attendre dans le couloir et dans cinq minutes, revenez… Dans le couloir, Charlie échange un regard avec une femme masculine, cheveux coupés ras dans la nuque, habillée en tailleur-pantalon. Elles se sourient. La vie n’a aucune importance.
Chapitre 5 – Sauvée par le Gong
Cinq minutes plus tard, Charlie entre dans la chambre. Olivier gît sur le lit, à moitié nu et inanimé. Elle ne fait ni une, ni deux, elle se précipite dans le couloir et hèle la femme au tailleur-pantalon. - Hé, la miss, j’ai besoin d’un coup de main… - Oui ? J’arrive. - Il est tombé dans les pommes… - Toi, tu es une call-girl, non ? Tu as dû lui faire un effet bœuf… - J’en sais rien, je sais juste qu’on n’a pas le même humour… Toutes deux éclatent de rire. - Et toi, tu es une gouine ? - Bien sûr, ça ne se voit pas ?! Et elles rient à nouveau, tant elles sont caricaturales toutes les deux. - Bon, ben il faudrait peut-être appeler un médecin… - Tiens oui, c’est vrai, j’avais oublié… Le médecin arrive, mais auparavant Charlie avait vidé le portefeuille d’Olivier… Deux mille. Puis les deux femmes s’esquivent, avec un petit air tranquille. Dans le couloir, elles croisent la caricature d’un médecin. Olivier est sauvé. - Ca fait quoi, d’être gouine ? demande Charlie. - Dans mon cas, c’est moi qui paie. Elles se marrent à nouveau. - Alors, je reste avec toi, dit Charlie. - OK princesse, je t’adopte… dit-elle en rigolant.

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